61. Qui ne sait que Dieu est la Miséricorde même et la Clémence même, parce qu’il est l’Amour même et le Bien même, et que c’est là ce qui constitue son Etre ou son Essence? et, d’après cela, qui ne voit qu’il y’a contradiction de dire que la Miséricorde même ou le Bien même puisse regarder l’homme avec colère, devenir son ennemi, se détourner de lui, décider sa damnation, et néanmoins demeurer Etre Divin ou Dieu? De telles suppositions tombent difficilement dans l’homme probe, mais facilement dans celui qui n’est pas probe; elles tombent aussi, non pas dans l’Ange du Ciel, mais dans l’Ange de l’enfer; aussi est-il abominable d’attribuer ces choses à Dieu. Qu’on les lui ait attribuées, c’est ce qui est bien évident d’après ce qui a été dit par plusieurs Pères, par les Conciles et ensuite dans les Eglises, depuis les premiers siècles jusqu’à ce jour; et aussi d’après les inductions qui du principe ont découlé nécessairement dans les principes, ou de la cause dans les effets produits (causata), comme de la tête dans les membres; par exemple, que Dieu veut être réconcilié, qu’il est réconcilié par amour pour le Fils, et par l’intercession ou la médiation; qu’il veut être rendu propice par la vue de l’extrême souffrance du Fils, et être ainsi ramené et pour ainsi dire forcé à la Miséricorde, afin que d’ennemi il devienne ami, et qu’il adopte les enfants de la colère pour enfants de la grâce. Qu’imputer la justice et les mérites de son Fils à l’injuste qui supplie par la foi seule, ce soit aussi purement humain, c’est ce qu’on verra dans la dernière analyse de cet Opuscule.
Brève Explication de la Doctrine de l'Église Nouvelle #52
52. C’est ce que prouve l’expérience; combien y en a-t-il aujourd’hui qui vivent par religion suivant les préceptes du Décalogue et les autres commandements du Seigneur? Et combien y en a-t-il aujourd’hui qui veulent voir en face leurs maux, faire une pénitence actuelle, et entrer ainsi dans le culte de vie"? Et quel est l’homme qui, se livrant à la piété, fasse d’autre pénitence qu’une pénitence de bouche et d’oraisons, en s’avouant pécheur et en priant, d’après la doctrine de l’Eglise, que Dieu le Père, par miséricorde à cause de son Fils qui a souffert la croix pour les péchés des hommes? Enlève leur damnation et fait, expiation par son sang, lui remettre ses délits, afin qu’il paraisse sans tache devant le trône de son jugement? Qui ne voit pas que ce culte appartient au poumon seul, et non an cœur, qu’ainsi il est externe et non interne? Car cet homme prie pour la rémission des péchés, et cependant il ne connait aucun péché chez lui; et, s’il en connaissait, il les voilerait par la faveur et l’indulgence, ou par la foi qui purifie et qui absout sans les œuvres. Mais il en est de cela comme d’un serviteur qui, s’avançant le visage et le vêtement couverts de suie et d’ordure, s’approcherait de son maitre, et lui dirait: Maitre, nettoie-moi; le maitre ne dirait-il pas: Serviteur insensé, que dis-tu? Voici là de l’eau, du savon et du linge, n’as-tu pas des mains, et ne peux-tu t’en servir? Lave-toi toi-même. Ainsi le Seigneur Dieu dira: Les moyens de purification viennent de Moi, et aussi ton vouloir et ton pouvoir viennent de Moi, use donc de mes présents et de mes dons comme s’ils t’appartenaient, et tu seras purifié. Soit encore un exemple pour illustration: Quand mille fois tu prierais clans ta maison et dans les temples, que Dieu le Père en faveur de son Fils te préserve du diable, si toi-même, d’après le libre dans lequel tu es continuellement tenu par le Seigneur, tu ne te préservais pas du mal, par conséquent du diable, tu ne pourrais pas en être préservé par des légions d’Anges envoyées par le Seigneur; car le Seigneur ne peut pas agir contre son ordre Divin, et son ordre est que l’homme s’examine, voie ses maux, y résiste, et cela comme par lui-même, quoique ce soit par le Seigneur. Cela, il est vrai ne parait pas aujourd’hui comme Evangile, mais cela l’est, néanmoins; car l’Evangile, c’est d’être sauvé par le Seigneur. Que le Culte de bouche soit accepté du Seigneur selon le culte de vie, c’est parce que devant Dieu et devant les Anges le langage de l’homme résonne d’après l’affection de son amour et de sa foi, et que l’amour et la foi sont dans l’homme selon la vie; si donc l’amour et la foi de Dieu sont dans ta vie, le son de ton langage est comme celui de la colombe: mais si dans ta vie il y’a l’amour de toi-même et la confiance en toi-même, le son de ton langage est comme celui du hibou, de quelque manière que tu adoucisses ta voix pour imiter celle de la tourterelle; le Spirituel, qui est intérieurement dans le son, est ce qui produit cela.


