20. Qu’il y ait entre les Catholiques-Romains et les Protestants sur ces quatre Articles une telle Conformité, qu’à peine existe-t-il une différence de quelque importance, excepté que les premiers ont conjoint la foi et la charité et que les seconds les ont séparées, c’est ce qui a été à peine connu de quelqu’un, et même tellement ignoré, que les Doctes vont être eux-mêmes surpris de l’énonciation de ce fait: la raison de cette ignorance, c’est que les Catholiques-Romains s’adressent à Dieu notre Sauveur, rarement mais à sa place au Pape comme vicaire, et aussi aux Saints; de là ils ont tenu profondément assoupis leurs dogmes sur l’Imputation du Mérite du Christ et sur la Justification par la foi; que cette imputation et cette justification soient cependant au nombre des dogmes reçus et reconnus par eux, c’est ce qu’on voit clairement par les Décrets du Concile de Trente, rapportés ci-dessus, Nos. 3, 4, 5, 6, 7, 8, et confirmés par le Pape Pie IV, N° 2; et, si on les compare avec les dogmes tirés de la Confession d’Augsbourg, et rapportés d’après la Formule de Concorde, Nos. 9, 10, 11, 12, on peut voir que les différences qui existent sont plutôt verbales que réelles. Les Docteurs de l’Eglise, en les lisant et en les conférant, peuvent voir, il est vrai, qu’ils sont conformes, mais non toutefois avec une pleine évidence; or, afin que ceux-ci, et ceux qui sont moins Doctes, et aussi les Laïques, voient cette conformité, quelques éclaircissements seront ajoutés dans ce qui suit:
Brève Explication de la Doctrine de l'Église Nouvelle #115
115. Voici le second Mémorable: Un Ange me dit un jour:
« Veux-tu -voir clairement ce que c’est que la Foi et la Charité, par conséquent ce que c’est que la Foi séparée de la Charité, et ce que c’est que la Foi conjointe à la Charité? Et je le démontrerai à l’œil. »
Je répondis:
«Montre. »
Et il dit:
« Au lieu de penser à la Foi et à la charité, pense à la Lumière et à la Chaleur, et tu verras clairement; car la Foi dans son essence est la Vérité qui appartient à la Sagesse, et la Charité dans son essence est l’Affection qui appartient à l’Amour; or, la Vérité de la Sagesse dans le Ciel est Lumière, et l’Affection de l’Amour dans le Ciel est Chaleur; la Lumière et la Chaleur, dans lesquelles sont les Anges, ne sont pas autre chose: de là tu peux voir clairement ce que c’est que la Foi séparée de la Charité, et ce que c’est que la Foi conjointe à la Charité. La Foi séparée de la Charité est comme la Lumière de l’hiver, et la Foi conjointe à la Charité est comme la Lumière du printemps; la Lumière de l’hiver, qui est la Lumière séparée de la Chaleur, étant conjointe au froid, dépouille entièrement les arbres, même de leurs feuilles, fait mourir les herbes, durcit la terre et congèle les eaux; mais la Lumière du printemps, qui est la Lumière conjointe à la Chaleur fait pousser les arbres, d’abord en feuilles, puis en fleurs et enfin en fruits, elle ouvre et amollit la terre pour qu’elle produise le gazon, les herbes, les fleurs et les arbrisseaux; elle fond aussi la glace pour que les eaux s’écoulent des sources: il en est absolument de même de la Foi et de la Charité; la Foi séparée de la Charité fait tout mourir, et la Foi conjointe à la Charité vivifie tout: cette Vivification et cette Action mortifère peuvent être vues au vif (ad vivum) dans notre Monde Spirituel, parce qu’ici la Foi est Lumière et la Charité est Chaleur; car où la Foi est conjointe à la Charité, là sont des Jardins paradisiaques, des Parterres émaillés de fleurs, des Lieux pleins de verdure, avec leurs agréments selon la conjonction; mais où la Foi est séparée de la Charité, là il n’y a pas même de l’herbe, et s’il s’y trouve quelque verdure, ce n’est que celle des ronces et des épines. » Il y avait alors non loin de nous quelques membres du Clergé que l’Ange appelait Justificateurs et Sanctificateurs des hommes par la Foi seule, et aussi Arcanistes; nous leur dîmes les mêmes choses, et les démontrâmes jusqu’à leur faire voir que cela était ainsi; et lorsque nous leur demandâmes si cela n’était pas ainsi, ils se détournèrent et dirent:
« Nous n’avons pas entendu. »
Mais nous leur criâmes en disant:
« Ecoutez donc encore. »
Alors ils mirent les deux mains devant leurs oreilles, et s’écrièrent:
«Nous ne voulons pas écouter. »


