66. Si la Prédestination est un fœtus de la foi de l’Eglise d’aujourd’hui, c’est parce qu’elle est née de la foi en la salvation opérée en un moment par la Miséricorde immédiate, et de la foi en une impuissance absolue et en un manque total de libre arbitre dans les choses spirituelles, dont il est parlé ci-dessous, N° 68; que ce dogme soit produit par ces principes, comme un serpent l’est par un serpent, et une araignée par une araignée on le voit ci-dessus; de là et aussi d’une conversion comme inanimée, il résulte que l’homme est comme un tronc d’arbre, et qu’ensuite il ne sait par aucune conscience si le tronc lui-même a été vivifié par la grâce, ou non; car il est dit que Dieu par l’audition de la Parole donne la foi quand il veut et où il veut, N° 11 (a), ainsi selon son bon plaisir; comme aussi que l’élection est faite d’après la pure grâce de Dieu, à l’exclusion de l’action de l’homme, soit que celle-ci provienne des forces de la nature ou de celles de la grâce, Formule de Concorde, page 821, Appendice page 182. Les œuvres qui suivent la foi comme témoignages sont, à les bien considérer, semblables aux œuvres de la chair, et l’Esprit qui les opère ne manifeste pas de quelle origine elles sont, mais il les fait choses de grâce, et ainsi de bon plaisir, comme la foi elle-même. D’après tout ce qui vient d’être, dit, il est évident que le Dogme de la prédestination est sorti de la Foi de l’Eglise d’aujourd’hui, comme un rejeton sort d’une racine, et je puis dire qu’il est découlé de cette foi comme une conséquence à peine évitable; cela a été fait d’abord chez les Prédestinatiens; de là, la prédestination a été fortement établie par Godeschalk, ensuite par Calvin et ses partisans, et enfin par le synode de Dordrecht, et par suite elle a été transportée par les Supralapsaires et par les Infralapsaires dans leur Eglise, comme le Palladium de la religion, ou plutôt comme la tête de la Gorgone ou de Méduse gravée sur le bouclier de Pallas. Mais qu’a-t-on pu tirer de plus pernicieux, et qu’a-t-on pu croire de plus barbare à l’égard de Dieu, que la supposition qu’il y a dans le Genre humain des êtres prédestinés à la damnation? Ne serait-ce pas, en effet, une foi barbare, que de croire que le. Seigneur, qui est l’Amour Même et la Miséricorde Même, veut qu’une multitude d’hommes naisse pour l’enfer, ou que des myriades de myriades naissent maudits, c’est-à-dire naissent diables et satans; et que par sa Divine Sagesse, qui est infinie, il n’a pas pourvu et ne pourvoit pas à ce que ceux qui vivent bien et reconnaissent Dieu, ne soient pas jetés dans un feu et un tourment éternels? Le Seigneur cependant est le Créateur et le Sauveur de tous, et Lui Seul conduit tous les hommes, et ne veut la mort d’aucun; que/peut-il donc y avoir de plus barbare que de croire et de penser que des Réunions de nations et de peuples, sous les auspices et les regards du Seigneur, soient par prédestination livrés au diable, pour lui servir de proie et pour rassasier sa voracité? Or, ce dogme est un Fœtus de la foi de l’Eglise d’aujourd’hui; mais la Foi de la Nouvelle Eglise l’a en horreur, comme un monstre.
Brève Explication de la Doctrine de l'Église Nouvelle #113
113. Aux explications qui précèdent, il sera ajouté cette observation: il est dit dans l’Eglise, que personne ne peut accomplir la loi, et que cela est d’autant plus impossible, que celui qui prévarique contre un seul des préceptes du Décalogue, prévarique contre tous; mais cette formule de langage ne signifie pas ce qu’elle semble signifier; car voici comment elle doit être entendue: celui qui de propos déterminé ou par confirmation agit contre un seul précepte, agit contre tous les autres, parce que agir de propos déterminé ou par confirmation, c’est nier absolument que ce soit un péché d’agir ainsi, et celui qui nie que ce soit un péché considéré comme de peu d’importance d’agir contre tous les autres préceptes: qui ne sait que celui qui est fornicateur n’est pas pour cela homicide, voleur, faux témoin, ni ne veut l’être? Mais celui qui est adultère de propos déterminé et par confirmation considère comme de peu d’importance tout ce qui est défendu par la religion, ainsi les homicides, les vols et les faux témoignages, et s’il s’en abstient, ce n’est pas parce que ce sont des péchés, mais parce qu’il craint la loi et le déshonneur: il en est de même si quelqu’un de propos déterminé ou par confirmation agit contre un autre précepte du Décalogue, il agit aussi contre tous les autres, parce qu’il ne considère aucune chose comme péché. il en est de même chez ceux qui sont dans le bien par le Seigneur; si ceux-ci par la Volonté et l’Entendement, ou de propos déterminé et par confirmation, s’abstiennent d’un seul mal, parce que c’est un péché, ils s’abstiennent de tous, et à plus forte raison s’ils s’abstiennent de plusieurs maux: en effet, dès qu’un homme, de propos déterminé ou par confirmation, s’abstient de quelque mal par ce que c’est un péché, il est tenu par le Seigneur dans le propos déterminé de s’abstenir de tous les autres; c’est pourquoi, si, par ignorance ou parce que quelque convoitise du corps a le dessus, il fait le mal, ce mal néanmoins ne lui est point imputé, parce qu’il ne se l’est pas proposé, et qu’il ne le confirme pas chez lui. L’homme vient dans ce propos déterminé, s’il s’examine une ou deux fois par an, et s’il se repent du mal qu’il découvre chez lui; il en est tout autrement de celui qui ne s’examine jamais. Je puis confirmer cela par la relation suivante: Dans le Monde Spirituel, j’ai rencontré plusieurs Esprits qui dans le Monde naturel avaient vécu de même que d’autres, s’habillant avec luxe, se nourrissant avec recherche, trafiquant comme d’autres avec profit, fréquentant les spectacles, plaisantant sur des sujets amoureux comme d’après un désir libidineux, et faisant plusieurs autres actions semblables; et cependant les Anges considéraient ces actions chez les uns comme maux de péché, et chez les autres ils ne les imputaient pas comme maux, et ils déclaraient ceux-ci innocents, et ceux-là coupables: interrogés pourquoi ils décidaient ainsi, puisque les actions étaient pareilles, ils répondaient qu’ils les examinent tous d’après le propos déterminé, l’intention ou la fin, et par là les distinguent, et que c’est pour cela qu’eux-mêmes excusent ou condamnent ceux que la fin excuse ou condamne, parce que la fin du bien est chez tous dans le Ciel, et la fin du mal chez tous dans l’enfer. D’après cela on voit maintenant qui est celui à qui le péché est imputé, et qui est celui à qui il n’est pas imputé.


