79. Si dans les Eglises Chrétiennes, selon la prédiction, il y a aujourd’hui une telle obscurité, qu’il n’existe point de lumière du Soleil pendant le jour, ni de lumière de la Lune et des Etoiles pendant la nuit, cela vient uniquement de la doctrine sur la justification par la foi seule; en effet, cette Doctrine enseigne comme unique moyen de salut la Foi, sur l’influx, le progrès, l’existence, l’opération et l’efficacité de laquelle n’entrent ou ne se rencontrent en aucune manière ni la Loi du Décalogue, ni la charité, ni les bonnes œuvres, ni la pénitence, ni l’étude d’une nouvelle vie, affirmant que ces choses suivent d’elles-mêmes sans que leur pratique soit nécessaire pour maintenir la foi ou pour acquérir le salut. Elle enseigne aussi que cette Foi gratifie de la liberté ceux qui sont renés ou les adeptes, pour qu’ils ne soient point sous la loi; et que le Christ couvre leurs péchés devant Dieu le Père, qui les remet comme s’il ne les avait pas vus, et qui couronne les adeptes par le renouvellement, la sainteté et la vie éternelle. Ces choses et plusieurs autres semblables sont les intérieurs de cette Doctrine; les Extérieurs, qui n’entrent point en elle, sont des choses précieuses sur la Charité, sur les bonnes œuvres, sur les Actes de la pénitence, sur les Exercices de la loi, mais ces choses sont comme des esclaves et des valets qui suivent la foi leur Souveraine sans contiguïté: cependant, comme ceux qui enseignent cette Doctrine savent que les Laïques considèrent ces choses comme salvifiques en même temps que la foi, ils ont soin dans leurs sermons et leurs entretiens de les joindre adroitement ensemble, et ils feignent de les conjoindre et de les allier à la justification, mais seulement afin de flatter les oreilles du vulgaire et de mettre en sureté leurs oracles, de peur qu’ils ne paraissent énigmatiques, ou comme pythoniques.
Brève Explication de la Doctrine de l'Église Nouvelle #61
61. Qui ne sait que Dieu est la Miséricorde même et la Clémence même, parce qu’il est l’Amour même et le Bien même, et que c’est là ce qui constitue son Etre ou son Essence? et, d’après cela, qui ne voit qu’il y’a contradiction de dire que la Miséricorde même ou le Bien même puisse regarder l’homme avec colère, devenir son ennemi, se détourner de lui, décider sa damnation, et néanmoins demeurer Etre Divin ou Dieu? De telles suppositions tombent difficilement dans l’homme probe, mais facilement dans celui qui n’est pas probe; elles tombent aussi, non pas dans l’Ange du Ciel, mais dans l’Ange de l’enfer; aussi est-il abominable d’attribuer ces choses à Dieu. Qu’on les lui ait attribuées, c’est ce qui est bien évident d’après ce qui a été dit par plusieurs Pères, par les Conciles et ensuite dans les Eglises, depuis les premiers siècles jusqu’à ce jour; et aussi d’après les inductions qui du principe ont découlé nécessairement dans les principes, ou de la cause dans les effets produits (causata), comme de la tête dans les membres; par exemple, que Dieu veut être réconcilié, qu’il est réconcilié par amour pour le Fils, et par l’intercession ou la médiation; qu’il veut être rendu propice par la vue de l’extrême souffrance du Fils, et être ainsi ramené et pour ainsi dire forcé à la Miséricorde, afin que d’ennemi il devienne ami, et qu’il adopte les enfants de la colère pour enfants de la grâce. Qu’imputer la justice et les mérites de son Fils à l’injuste qui supplie par la foi seule, ce soit aussi purement humain, c’est ce qu’on verra dans la dernière analyse de cet Opuscule.


