18. Les Eglises séparées de l’Eglise Catholique-Romaine par la Réforme se composent de ceux qui se nomment Evangéliques et Réformés, en même temps Protestants, ou, du nom des Chefs, Luthériens et Calvinistes; parmi elle l’Eglise Anglicane tient le milieu: quant à l’Eglise Grecque, qui depuis ce temps ancien a été séparé de l’Eglise Catholique-Romaine. Il n’en est point question ici. Que les Eglises des Protestants soient en dissidence sur divers points, principalement sur la Sainte Cène, le baptême, l’Election et la Personne du Christ, c’est ce qui est connu de plusieurs; mais qu’elles soient toutes d’accord sur les Articles qui concernent la Trinité de personnes dans la Divinité, le Péché Originel, l’Imputation du mérite du Christ, et la Justification par la foi seule, c’est ce qui n’est pas généralement connu; cela vient de ce qu’il y’a peu de personnes qui s’appliquent à rechercher quels sont les dogmes qui diffèrent parmi les Eglises, et par suite quels sont ceux qui s’accordent: les Ecclésiastiques puisent seulement les choses dogmatiques de leur Eglise, et les Laïques les examinent rarement quant aux intérieurs, et par conséquent ne cherchent pas non plus en quoi ils diffèrent. Que cependant ils soient d’accord sur ces quatre Articles, dans les communs et dans la plupart des particuliers, c’est ce qu’on peut voir par leurs Livres si on les examine, et par leurs Sermons si on les écoute attentivement. Mais ceci est d’avance mis en connaissance à cause de ce qui va suivre:
Brève Explication de la Doctrine de l'Église Nouvelle # 72
72. Qu’il y ait fin de l’Eglise, alors qu’il n’y a plus de vrais de la foi, et que par suite il n’y a pas non plus de biens de la charité, cela se voit de soi-même: que les faux de la foi éteignent les vrais de la doctrine, et que les maux de la vie consument les biens de la charité; et aussi que là où sont les faux de la foi il y ait aussi les maux de la vie, et que là où sont les maux de la vie, il y ait aussi les faux de la foi, cela sera démontré d’une manière spéciale en son lieu. Si jusqu’à ce jour il a été caché que par la Consommation du siècle est entendue la fin de l’Eglise, c’est que là où l’on enseigne les faux, et où l’on croit et on honore comme orthodoxe la doctrine qui en provient, on ne peut nullement savoir que l’Eglise doit être consommée; en effet, les faux sont considérés comme des vrais, et les vrais comme des faux, et alors le faux chasse le vrai et le noircit, comme l’encre noircit une eau limpide, ou la suie un papier blanc: on croit, en effet, que les Docteurs de ce siècle sont dans la plus grande lumière de l’Evangile, et eux-mêmes le publient, bien qu’ils soient, quant à toute la face, dans les ténèbres; ainsi une taie a couvert les prunelles de leurs yeux.


